La Famille Bernard et la Corée
Dans
la famille Bernard, il y a Guy le papa, Pascale la maman, Armand et Léa, les 2
enfants jumeaux de 23 ans, bientôt 24.
Cette
famille est entrée de plein pied dans la culture coréenne de façon classique
(via les enfants, les mangas et la K-Pop). Mais il lui a fallu un déclencheur
pour mettre sur pied un voyage en famille en Corée.
Dans la famille Bernard, je voudrais … la maman !
Pascale.
C’est
elle qui, la première, nous a raconté, lors d’un entretien en visio cette
folle aventure familiale.
Autoportrait dans le village de
Gamcheon à Busan
Pascale
est tombée dans la culture coréenne par hasard il y a environ 7 ans. Et ce sont
ses enfants qui l’y ont amenée.
Sa fille d’abord. A l’âge de 17 ans, Léa découvre la K-Pop. Plus
particulièrement les groupes de garçons. Elle ne jure que par ça. Les groupes
de filles ? Aucun intérêt ! Mais les groupes de garçons… ouh lala …
Alors oui bien sûr …. La K Pop ce ne sont pas QUE des groupes de garçons ou de
filles. Non pas que. Mais quand même… Ce sont eux qui ont franchi les
frontières de la Corée pour arriver dans de nombreux pays et notamment notre
cher hexagone. Comme le dit pascale, “Chaque occasion de concert à Paris
d’un de ses groupes préférés était l’occasion pour Léa de partager avec toutes
les groupies des émotions fortes générées par les performances parfaitement
bien orchestrées de ces corps jeunes et musclés ! ”
Bien
entendu, après la K-Pop, il y a eu les dramas. Quoi de mieux que ces moments de
partage entre mère et fille devant une bonne série pleine de bons sentiments et
de jolis acteurs ?
Ici,
nous pourrions dire que le ver était dans le fruit. Pascale était contaminée.
C’était trop tard.
Ne lui demandez pas par quelle série elle a commencé, elle ne s’en souvient
pas. Il y en a eu tellement depuis. Elle reconnaît très honnêtement que toutes
n’étaient pas mémorables.
Du roman au drama
Par
contre, elle se souvient très très bien de la dernière qu’elle a vu, juste
après avoir lu le livre : Pachinko d’après le roman éponyme de Lee Min Jin
et qui lui a permis de renforcer sa culture géopolitique des relations entre la
Corée et le Japon au siècle dernier.
Début des années 1930.
Dans un petit village coréen, la jeune Sunja se laisse
séduire par les belles paroles et tendres attentions d’un riche étranger.
Lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte et que son amant est déjà marié, elle
est confrontée à un choix : devenir, comme tant d’autres jeunes femmes dans sa
situation, une seconde épouse, une « épouse coréenne » ou couvrir sa famille de
déshonneur. Elle choisira une troisième voie : le mariage avec Isak, un pasteur
chrétien qu’elle connaît à peine et qui lui offre une nouvelle existence au
Japon. Cette décision est le point de départ d’un douloureux exil qui s’étendra
sur huit décennies et quatre générations.
Avec une justesse historique remarquable et une écriture
précise et dépouillée, Min Jin Lee nous offre, à travers un siècle de relations
nippo-coréennes, un hymne intime et poignant à tous les sacrifices que font les
immigrés pour trouver leur place en pays étranger. (source https://www.babelio.com/livres/Lee-Pachinko/1278715)
De
la musique au drama, il n’y avait qu’un pas.
Des dramas à la cuisine coréenne, il n’y en a eu qu’un autre qui a été
allègrement franchi.
Léa, dans son enthousiasme et son envie de faire partager sa passion a converti
toute la famille à la cuisine coréenne : bibimpap, barbecue coréen,
kimchi, … “chaque sortie à Paris était l’occasion de découvrir un nouveau
restaurant en famille.” Il y a pire comme occupation 😊
Cinq
ans plus tard, il y a environ 2 ans, Pascale nous raconte que son fils Armand “a
nonchalamment annoncé lors d’une réunion de famille « ah au fait, j’ai
fait une demande de double diplôme et je suis pris à … Séoul en Corée du Sud.
C’était cela le déclencheur ! ”
L’étonnement de la famille a été manifeste.
Quand on demande à Pascale si elle s’y attendait et ce qui a poussé son fils à
choisir cette destination, elle répond d’abord « non » puis « la
curiosité sans doute. Avec sa sœur, il a baigné dedans mais n’a jamais fait
étalage d’une passion particulière pour cette culture. Bien entendu, c’est un
lecteur assidu de mangas et il avait été lui aussi contaminé par sa
sœur ».
Du drama au voyage
En
février 2021 il s’envole donc pour Séoul en faisant promettre à ses parents de
venir le voir.
Chez les Bernard, la pression était double : Armand à Séoul et Léa à
Paris. Chacun de leur côté, avec des armes qui leur étaient propres, ils ont
fait preuve de conviction pour que la promesse faite soit tenue.
Ce
fut chose faite le 1er avril 2023. Et non, ce n’était pas un poisson
d’avril.
Guy,
Pascale et Léa se sont donc envolés pour Séoul pour rejoindre Armand et
permettre à Léa de confronter ses rêves à la réalité.
Le voyage a été minutieusement préparé. Pascale est méticuleuse et très
organisée. Elle laisse très peu de place au hasard, surtout pour une
destination aussi lointaine.
“Toute
la famille a profité du retour d’Armand en France lors des fêtes de fin d’année
pour se mettre autour de la table et faire l’itinéraire et préparer les lieux
emblématiques que chacun voulait voir. ”
Armand a servi de guide pendant toute la préparation, se servant de ce qu’il
avait lui-même déjà visité et orientant ses parents et sa sœur vers les
« incontournables ».
Le principe retenu a été le suivant : en semaine la famille visitait des
lieux conseillés par Armand pendant qu’il travaillait et le week end, ils sont
partis tous ensemble pour une destination qu’il n’avait pas faite : Séoul,
Busan, Gyongju, … ce n’est pas ici que nous allons lister ce qu’ils ont vu. Ce
n’est pas ce que j’avais envie de savoir.
Connaissant Pascale, je voulais surtout connaître ses réactions à la découverte
de ce pays si loin de notre culture. Pour elle le dépaysement fut total.
Quand
je lui ai demandé comment elle qualifierait son voyage, elle m’a répondu
« bousculant ». « Ce n’est peut-être pas très français
mais pour moi c’est le mot qui ressort. Tout est différent : l’heure (
décalage horaire de 7 heures), la langue (on ne comprend pas ce qu’il y a d’écrit
sur les panneaux), les gens (ce n’est pas la même physionomie que celle à
laquelle nous sommes habitués en occident), les habitudes alimentaires, tout
est absolument différent. Et donc je me suis sentie très bousculée. C’était
bien mais c’était bousculant »
Une société respectueuse et perfectionniste
Un
des autres mots qui a profondément marqué Pascale c’est le respect : le
respect des règles (pour traverser aux passages piétons, pour monter ou
descendre du métro, …) et le respect des autres.
Je
lui ai aussi demandé s’il y avait des choses qui l’avaient marquée d’un point
de vue moins positif.
La
réponse a fusé d’un seul coup : le culte de l’apparence : les gens
qui se prennent en photo tout le temps partout. C’est quelque chose qui m’avait
aussi personnellement beaucoup marqué lors de mon 1er voyage en avril 2022.
Toute
la famille était à Séoul au moment de la floraison des cerisiers.
Le spectacle était bien sûr magnifique. A cette occasion, de nombreux coréens
se promènent dans les rues en hanbok (costume traditionnel coréen) et se
prennent en photo devant les cerisiers.
Pour elle qui fait attention à son apparence et qui aime être apprêtée c’est
quelque chose de compréhensible. Cela étant le corollaire négatif est cette
course à la beauté et ce culte de l’apparence poussé à l’extrême. La Corée du
Sud est bien connue pour être le pays où la perfection du corps humain est
devenue une vertu cardinale après laquelle courent tous les Coréens ayant l’âge
et surtout les moyens pour subir des interventions afin de ressembler à leurs
idoles qui elles-mêmes ressemblent ….. aux autres idoles. Car un des
corollaires de cette course à l’esthétisme est l’uniformisation des visages.
Tout le monde finit par se ressembler.
Nous
sommes longuement revenues sur ce sujet avec Pascale. Coach de métier, elle
s’inquiète des ravages que cette “course effrénée peut avoir sur la
construction de l’image de soi de ces jeunes filles et de ces jeunes garçons.
Quel impact sur l’estime de soi ? Quelle sera leur singularité s’ils
se ressemblent tous ? Et que se passera-t-il lorsque les standards de
beauté vont changer ?” Ce qui est d’ailleurs plus ou moins en train de
se passer.
Un
autre des aspects qui inquiète Pascale c’est le rapport au travail, à la
performance. Elle l’a vécu directement avec son fils qui a passé une grande partie
de son temps en Corée à travailler dans un laboratoire de recherches pour ses
études.
Des souvenirs impérissables
Une
fois rentrée, il lui a fallu digérer ce voyage et tout ce qu’elle a vécu
là-bas.
La connaissant, j’ai voulu savoir ce qu’elle en retirait, est ce que ce voyage
l’avait changée et est ce que cela avait eu une incidence sur sa vie de tous
les jours ?
Nous
ne ferons pas de comparaison entre la France et la Corée sur la ponctualité des
trains ou sur la propreté des stations de métro.
Ce que Pascale a retenu de son voyage ce sont les couleurs : des temples,
des palais, des ponts, des lanternes pour la préparation de l’anniversaire de
Bouddha, des arbres en fleurs, …
C’est aussi l’entraide que les Coréens s’apportent les uns aux autres mais aussi aux étrangers : il lui est arrivée quelque fois de se tromper de route ou d’hésiter et à chaque fois, quelqu’un est venu pour l’aider sans pour autant parler sa langue.
Et enfin, c’est le respect que les gens se portent les uns aux autres quelles
que soient les circonstances. Un thème plus présent qu’avant dans les
accompagnements individuels et collectifs que Pascale fait en entreprise ainsi
que le rapport au travail.
D’un
point de vue plus personnel, elle en garde un formidable souvenir de vacances
en famille avec des moments de partages intenses.
Tout
cela lui a donné envie de découvrir d’autres pays d’Asie.
Mais ça, c’est une autre histoire …qu'elle nous racontera peut être une autre
fois.
Selfie familial
Cet article est paru sur la plateforme Honorary Reporters le 4 août 2023
https://honoraryreporters.korea.net/board/detail.do?articlecate=1&board_no=13445&tpln=6
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